Oiseau aux mœurs de petit rapace, la Pie-grièche grise est peu sociable et souvent solitaire, ne tolérant pas la présence de concurrents sur son territoire de chasse constitué de terrains découverts parsemés d’arbres isolés, étendues de bruyères, landes, prairies et jachères. Par contre, elle n’est pas une espèce à proprement parler discrète. L’affût étant son principal mode de chasse, cet oiseau robuste, de la taille d’une petite grive, passe ses journées en sentinelle à la cime d’un arbre, sur un fil téléphonique, un pylône ou un piquet isolé.
Dans son habit blanc, gris et noir, un bandeau noir lui barrant l’œil, avec sa longue queue étagée noire et blanche animée d’un lent battement vertical, cet oiseau ne manque pas d’allure et attire immédiatement l’attention.
De son perchoir élevé, la Pie-grièche épie ses proies se déplaçant au sol, de gros insectes parmi les plus apparents (coléoptères, libellules, orthoptères, etc.) et de petits vertébrés (campagnols, mulots, musaraignes, lézards, etc.). Les passereaux lui fournissent un appoint plus abondant en hiver qu’en été. Elle s’en prend alors de préférence aux moineaux, linottes, pinsons et mésanges, proies, qu’elle poursuit avec acharnement et une habileté dignes d’un Epervier. Mais elle imite aussi le Faucon crécerelle en effectuant le vol sur place du ‘Saint-Esprit’.
Les captures sont très régulièrement empalées ou coincées dans la fourche de petites branches quand il s’agit de se constituer un garde-manger de petits vertébrés.
Malheureusement, cette espèce accuse une certaine régression générale qui trouve sans doute son explication essentielle dans la détérioration de l’habitat qui lui est favorable. Les populations de cette espèce sont de plus en plus morcelées et isolées, elles ont tendance à disparaître les unes après les autres partout où elle niche en Europe. L’espèce s’est éteinte en Flandre depuis 1997 tandis que sa population wallonne est estimée à 270-330 couples.
Le 18/10/2014, lors d’une séance d’observation des migrations d’oiseaux, au Domaine des Silex, nous eûmes la chance d’apercevoir un individu en vol, notamment un court vol en ‘Saint-Esprit’.
© F. van Boxtel, Calendrier de l’oiseau, LRBPO, 1997