La Rousserolle effarvatte est une fauvette des roseaux, roussĂątre et jaunĂątre, plus petite qu’un moineau. Son habit, sobre et terne, ressemble Ă  son chant sans caractĂ©ristique saillante, tant il se conforme Ă  une uniformitĂ© relative et Ă  une rĂ©gularitĂ© laborieuse de portĂ©e mĂ©diocre, oĂč toute fantaisie musicale fait dĂ©faut.

En pĂ©riode de nidification, on observe donc cette espĂšce dans des phragmitaies en bordure d’étang, le long des riviĂšres, dans les fossĂ©s d’irrigation ou dans des marais sans eau libre. Sa prĂ©sence la plus dense – et on parle alors de l’installation de petites colonies – est atteinte dans des roseliĂšres humides, voire inondĂ©es, vigoureuses et denses, en particulier celles des fossĂ©s et des bords de routes.

Compte tenu des exigences de ce milieu sĂ©lectif, l’espĂšce est rĂ©partie de maniĂšre discontinue dans notre pays : en Basse et Moyenne-Belgique, principalement dans les polders, les vallĂ©es de l’Escaut, de la Lys et du Rupel, ainsi que dans le bassin de l’Haine et de la Campine. Sa prĂ©sence est sporadique ailleurs, comme en Haute-Belgique, surtout dans l’Entre-Sambre-et-Meuse.

Revenant de ses quartiers d’hivernage africains, le mĂąle arrive au printemps, une ou deux semaines avant la femelle, et se cantonne aussitĂŽt dans le site choisi pour la nidification. Dans l’attente de l’arrivĂ©e d’une compagne, l’Effarvatte mĂąle ne cesse de chanter.

Le nid est construit par la femelle et les deux parents couvent Ă  tour de rĂŽle les 3 Ă  5 Ɠufs verdĂątres, marbrĂ©s et tachetĂ©s de vert olive et de gris. L’incubation nĂ©cessite une douzaine de jours. Les pontes de remplacement, rĂ©pĂ©tĂ©es jusqu’à trois ou quatre fois si nĂ©cessaire, sont nombreuses. De multiples causes de destruction mettent les Effarvattes Ă  l’épreuve : les bourrasques de vent par temps d’orage qui font plier les roseaux Ă  l’extrĂȘme, les pluies persistantes qui tuent les jeunes au berceau, les crues qui submergent la coupe, le parasitisme du Coucou gris, sans oublier le fauchage intempestif des bandes de roseaux le long des talus et des digues fluviales qui rĂ©duit le nombre de jeunes rousserolles Ă  l’envol. A ces causes de destruction du nid ou de mortalitĂ© de la nichĂ©e, il faut ajouter les dĂ©sordres dus aux rivalitĂ©s territoriales et les abandons de couvĂ©es par des femelles infidĂšles


Quand la couvaison se dĂ©roule normalement, quelques jeunes demeurent longtemps dans leur secteur natal, tandis que d’autres sont erratiques peu aprĂšs s’ĂȘtre affranchis.

L’Effarvatte se nourrit de toutes sortes d’insectes qui, pour leur dĂ©veloppement, sont tributaires des plantes aquatiques.

Le mouvement migratoire dĂ©bute assez tĂŽt en aoĂ»t, mais bat son plein dans la seconde moitiĂ© de septembre : l’Effarvatte rejoint ainsi ses quartiers d’hiver en Afrique tropicale, atteints en vol nocturne. Elle est une voyageuse au long cours comme le prouvent des reprises de jeunes individus baguĂ©s au nid : certains atteignent la CĂŽte d’Ivoire dĂ©jĂ  dĂ©but octobre, d’autres le NigĂ©ria en novembre, aprĂšs un voyage aller simple de plus de 4 800 km.

La population europĂ©enne est stable et estimĂ©e Ă  2,7-5 millions de couples (BirdLife International 2004). De fortes concentrations sont observĂ©es en Hollande (surtout en ZĂ©lande et au Flevoland) oĂč il y aurait 150 000 Ă  250 000 couples, en Allemagne, 170 000 Ă  230 000 couples et en France, 200 000 Ă  300 000 couples.

La population belge est Ă©valuĂ©e entre 5 000 Ă  7 000 couples, dont 2/3 en Flandre et 1/3 en Wallonie. A Bruxelles, les effectifs nicheurs sont de l’ordre de quelque 25 Ă  30 couples. La rĂ©partition se situe, en importance, dans la vallĂ©e de la Woluwe (dont le Domaine des Silex et l’Hof-ter-Musschen), Ă  Anderlecht, Ă  Jette (marais de) et Evere (Moeraske).

Le 21 mai dernier, nous avons comptĂ© jusqu’à huit mĂąles chanteurs au Silex et Ă  l’Etang de Boitsfort, dont deux dans des jardins !