Durant le mois d’octobre dernier, nous avons eu l’occasion de baguer quatre Bruants des roseaux qui profitaient de la roseliĂšre du Domaine des Silex pour y effectuer une halte migratoire nocturne. Un des rares oiseaux des marais qui se montre franchement Ă  dĂ©couvert.

© Jaap Stolk, Calendrier de l’oiseau 2001, L.R.B.P.O.

En bordure du marais, au sommet d’une longue tige sĂšche et jaune d’un roseau ou d’un saule, un petit oiseau sombre se balance au vent, tout en Ă©grenant quelques brefs cris.
Quel contraste entre le plumage nuptial et l’internuptial ! Au printemps, le mĂąle de cette espĂšce est encapuchonnĂ© de noir, avec un collier blanc et moustaches blanches. En automne et hiver, ce capuchon et le plastron s’estompent trĂšs fortement pour laisser place Ă  une palette de brun avec un sourcil chamois, la gorge Ă©tant grisĂątre avec une amorce de noir. Un collier blanc peut encore apparaĂźtre partiellement. De teintes brunes ou rousses et
avec ses sourcils jaunĂątres, ses joues sombres, ses moustaches brunes et sa gorge claire, la femelle par ailleurs trĂšs discrĂšte dans ses dĂ©placements, attire moins l’attention.

Le Bruant des roseaux s’installe traditionnellement dans les lieux humides et marĂ©cageux pourvu qu’il bĂ©nĂ©ficie d’un tapis herbacĂ© touffu et de perchoirs en vue utilisĂ©s comme postes de chant. Dans les marais, il occupe prĂ©fĂ©rentiellement la jonchaie, les cariçaies et scirpaies avec buissons Ă©pais formĂ©s de saules ou d’arbres, ou des tiges peu nombreuses de phragmites et massettes. Les roseliĂšres pures ne semblent guĂšre occupĂ©es que sur leurs franges moyennant la prĂ©sence de buissons ou d’une strate herbacĂ©e plus basse. En fait, ce bruant se rencontre souvent en lisiĂšre d’associations paludicoles et de biotopes plus secs, comme des bruyĂšres et prairies humides.
En Ardenne, il est caractĂ©ristique des prĂ©s humides oĂč pousse la Reine des prĂ©s, et le plus souvent envahis par les saules, mais il ne dĂ©daigne pas les berges des riviĂšres, les bords d’étangs ou des fossĂ©s de drainage.
Le nid, posĂ© tantĂŽt sur le sol, tantĂŽt suspendu Ă  une faible hauteur, est admirablement dissimulĂ© sous les herbes d’une touffe de carex ou dans un amas de roseaux couchĂ©s et enchevĂȘtrĂ©s. Les Ɠufs sont curieusement dĂ©corĂ©s de signes caractĂ©ristiques ce qui a valu Ă  cet oiseau le nom dialectal flamand de « schrijver », c’est-Ă -dire « Ă©crivain ».
La population belge est estimée entre 3 600 et 4 500 couples, dont 2/3 en Flandre.
DÚs octobre, les Bruants des roseaux migrent, par petites escouades, pour hiverner dans la région méditerranéenne.