Durant le mois dâoctobre dernier, nous avons eu lâoccasion de baguer quatre Bruants des roseaux qui profitaient de la roseliĂšre du Domaine des Silex pour y effectuer une halte migratoire nocturne. Un des rares oiseaux des marais qui se montre franchement Ă dĂ©couvert.

En bordure du marais, au sommet dâune longue tige sĂšche et jaune dâun roseau ou dâun saule, un petit oiseau sombre se balance au vent, tout en Ă©grenant quelques brefs cris.
Quel contraste entre le plumage nuptial et lâinternuptial ! Au printemps, le mĂąle de cette espĂšce est encapuchonnĂ© de noir, avec un collier blanc et moustaches blanches. En automne et hiver, ce capuchon et le plastron sâestompent trĂšs fortement pour laisser place Ă une palette de brun avec un sourcil chamois, la gorge Ă©tant grisĂątre avec une amorce de noir. Un collier blanc peut encore apparaĂźtre partiellement. De teintes brunes ou rousses et
avec ses sourcils jaunĂątres, ses joues sombres, ses moustaches brunes et sa gorge claire, la femelle par ailleurs trĂšs discrĂšte dans ses dĂ©placements, attire moins lâattention.

Le Bruant des roseaux sâinstalle traditionnellement dans les lieux humides et marĂ©cageux pourvu quâil bĂ©nĂ©ficie dâun tapis herbacĂ© touffu et de perchoirs en vue utilisĂ©s comme postes de chant. Dans les marais, il occupe prĂ©fĂ©rentiellement la jonchaie, les cariçaies et scirpaies avec buissons Ă©pais formĂ©s de saules ou dâarbres, ou des tiges peu nombreuses de phragmites et massettes. Les roseliĂšres pures ne semblent guĂšre occupĂ©es que sur leurs franges moyennant la prĂ©sence de buissons ou dâune strate herbacĂ©e plus basse. En fait, ce bruant se rencontre souvent en lisiĂšre dâassociations paludicoles et de biotopes plus secs, comme des bruyĂšres et prairies humides.
En Ardenne, il est caractĂ©ristique des prĂ©s humides oĂč pousse la Reine des prĂ©s, et le plus souvent envahis par les saules, mais il ne dĂ©daigne pas les berges des riviĂšres, les bords dâĂ©tangs ou des fossĂ©s de drainage.
Le nid, posĂ© tantĂŽt sur le sol, tantĂŽt suspendu Ă une faible hauteur, est admirablement dissimulĂ© sous les herbes dâune touffe de carex ou dans un amas de roseaux couchĂ©s et enchevĂȘtrĂ©s. Les Ćufs sont curieusement dĂ©corĂ©s de signes caractĂ©ristiques ce qui a valu Ă cet oiseau le nom dialectal flamand de « schrijver », câest-Ă -dire « Ă©crivain ».
La population belge est estimée entre 3 600 et 4 500 couples, dont 2/3 en Flandre.
DÚs octobre, les Bruants des roseaux migrent, par petites escouades, pour hiverner dans la région méditerranéenne.