Le Grosbec casse-noyaux ressemble Ă  un gros Pinson des arbres aux allures trapues, avec une grosse tĂȘte, un cou ramassĂ© et un vol oĂč Ă©clate le blanc de ses ailes et de la queue.

Son Ă©norme bec conique, dont la robustesse est soulignĂ©e par une petite bavette rectangulaire, est un outil redoutable avec lequel il croque allĂšgrement les noyaux de cerises et d’autres baies sauvages. La structure puissantes des mandibules lui permet de se nourrir de graines protĂ©gĂ©es par une enveloppe ligneuse trĂšs dure que lui seul, parmi les oiseaux de nos jardins, peut briser : pĂ©pins du merisier, du prunier, du prunellier, de l’aubĂ©pine, du houx et du sorbier. Lorsqu’il cueille une cerise, c’est davantage le noyau et son amande qui l’intĂ©ressent que la pulpe juteuse qu’il semble dĂ©daigner. Il raffole aussi du tournesol, tout comme les mĂ©sanges, sittelles et autres verdiers qui visitent nos mangeoires en hiver mais dont la pulpe recherchĂ©e par ces derniĂšres espĂšces ne se laisse pas aussi facilement dĂ©cortiquer que par le Grosbec.

Mais ce dernier ne dĂ©daigne pas pour autant une nourriture plus facilement mĂ©ritĂ©e comme la verdure tendre et les bourgeons de nos arbres au printemps ou les fruits plus tendres comme les samares des Ă©rables, des charmes et des frĂȘnes.

De mƓurs arboricoles, aimant Ă  se poster au sommet des arbres, il fuit les espaces dĂ©couverts et se rĂ©fugie discrĂštement dans les bois touffus sous la haute futaie. Farouche, craintif mĂȘme, sa prĂ©sence n’est dĂ©voilĂ©e au promeneur averti que par ses cris ‘tsic tsic’, brefs et fusants. Mais des la fin de l’étĂ©, il affectionne l’humus des feuilles mortes, sous les arbres Ă  baies, oĂč il recherche avec soin les pĂ©pins et noyaux des fruits dĂ©laissĂ©s par les Ă©tourneaux, les merles et les grives. On peut alors le rencontrer en petits groupes avec une majoritĂ© de jeunes oiseaux de l’annĂ©e.

Au vol, sa dĂ©termination est plus aisĂ©e grĂące Ă  sa taille, Ă  la proĂ©minence du cou et de la tĂȘte, Ă  la grande bande blanche sur l’aile et l’extrĂ©mitĂ© de la queue blanche. Si l’occasion se prĂ©sente de l’observer posĂ©, par exemple Ă  la mangeoire, vous pourriez bien observer le bout des rĂ©miges (= plumes des ailes) primaires Ă©vasĂ©es.

Le plumage des deux genres est semblable bien que celui de la femelle soit plus terne que celui du mĂąle : le brun de la tĂȘte est moins chaud et les rĂ©miges, bordĂ©es de noir, sont plus grises que bleues.               

         

Farouche de nature, il passe souvent inaperçu car son caractĂšre peu sociable envers les autres espĂšces l’oblige Ă  rechercher des sites tranquilles oĂč le promeneur est plus rare. Dans nos rĂ©gions, le Grosbec casse-noyaux est un oiseau sĂ©dentaire et erratique. En Belgique, la population est estimĂ©e Ă  quelque 10 000 couples mais avec une forte disparité : < 50 en RĂ©gion bruxelloise, 500 Ă  550 en Flandre et 9 500 en Wallonie. Il occupe toute l’Europe en deçà du 60Ăš parallĂšle, Ă  l’exception de l’Irlande, et les effectifs sont estimĂ©s entre 2,4 et 4,2 millions de couples.

Suite Ă  l’arrivĂ©e massive, l’automne dernier, d’oiseaux probablement issus du Nord et de l’Est de l’Europe, cet oiseau a pu ĂȘtre dĂ©nombrĂ© en grands groupes tout l’hiver. Il est fort probable que suite Ă  cet apport, des oiseaux resteront dans la rĂ©gion pour y nicher.