Flip de Nooyer, Calendrier de l’oiseau 2002, L.R.B.P.O.

Hors pĂ©riode de reproduction, l’observation de l’Epervier d’Europe (Accipiter nisus nisus) pendant un long miment n’est pas une chose facile dans la nature. C’est d’ailleurs un trait de son caractĂšre de chasseur trĂšs discret, tĂ©mĂ©raire et agile, poursuivant ses proies dans la vĂ©gĂ©tation dense et jusqu’aux portes des maisons, surtout lorsque le nourrissage hivernal attire bon nombre de nos petits oiseaux prĂšs des habitations. Mais en toute saison, on peut l’observer chasser dans des milieux variĂ©s, tant en rase campagne que dans les bois, ou encore dans des sites habitĂ©s, urbains ou rĂ©sidentiels.

Dessin de John Gould

Ses qualitĂ©s de vol, au dĂ©marrage fulgurant et aux brusques changements de direction, lui sont facilitĂ©es par des ailes larges, courtes et arrondies et par sa longue queue. Mais cette vitesse de poursuite de ses proies et son acharnement Ă  suivre celles-ci lui sont parfois fatals : la plupart des personnes non spĂ©cialisĂ©es en ornithologie ont seulement eu l’occasion de rencontrer un Epervier quand ce dernier s’est assommĂ© brutalement (et souvent mortellement) contre une grande verriĂšre ou paravent vitrĂ©.
Il est d’ailleurs conseillĂ© aux personnes qui aiment les oiseaux (et leurs prĂ©dateurs) d’apposer des silhouettes d’autres rapaces sur ces vitres afin que les oiseaux des jardins soient avertis de cet obstacle et l’évitent pour eux-mĂȘmes
 et leurs ‘ennemis’ les pourchassant.
L’Epervier est donc un petit rapace qui chassent principalement les petits oiseaux (pour le mĂąle) jusqu’à la Tourterelle turque (pour la femelle, plus robuste). Le mode de chasse est d’ailleurs diffĂ©rent pour les deux sexes : le mĂąle est partisan d’une attaque surprise et Ă  l’intĂ©rieur des bois et jardins, tandis que la femelle pourchasse ses proies en vol et en terrain dĂ©couvert.
L’Epervier ne pratique jamais le vol sur place, dit ‘vol du Saint-Esprit’, mode de chasse particulier du Faucon crĂ©cerelle qui tombe sur ses proies (gĂ©nĂ©ralement des micromammifĂšres) par piquĂ©s successifs. Par contre il pratique rĂ©guliĂšrement le vol planĂ©.
En premiĂšre impression, la silhouette du Coucou gris (Cuculus canorus) au vol, avec sa queue longue et ses ailes pointues et fines peut provoquer la mĂ©prise avec celle de l’Epervier mĂąle. Cependant, le Coucou gris se dĂ©place de façon plus rectiligne et moins rapide, et sans battu-planĂ©, tandis que son caractĂšre plus exhibitionniste (ne serait-ce que par son chant cĂ©lĂšbre) devrait vite lever le doute. N’oubliez pas que l’Epervier peut ĂȘtre observĂ© toute l’annĂ©e, contrairement au Coucou qui est migrateur.
L’Epervier d’Europe avec ses diverses sous-espĂšces, se rĂ©partit sur un vaste secteur de reproduction qui va de l’Irlande au Japon et des rĂ©gions boisĂ©es borĂ©ales au bassin mĂ©diterranĂ©en, occupant toute la zone palĂ©arctique. Les populations nordiques sont migratrices et descendent en hiver vers l’Europe, le nord et l’est de l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Inde et l’Asie du Sud-Est.
En Belgique, les effectifs, jugés stables, sont estimés à 40 couples à Bruxelles, entre 1 500 et 2 500 couples en Flandre et quelque 2 700 couples en Wallonie.