Sarcelle d'été

Photo :Walter Delafaille, Calendrier de l’oiseau, 1998

Approximativement de même taille que la Sarcelle d’hiver, la Sarcelle d’été (la photo présentant un mâle) s’en distingue entre autres par un large trait blanc au-dessus de l’œil et sur le cou. Malgré ce cousinage, la Sarcelle d’été est davantage apparentée au Canard souchet, en compagnie duquel elle niche et avec lequel elle partage son biotope, constitué par des pâtures et des prés de fauche mal drainés.

Son site de nidification doit présenter des eaux riches en plancton et en végétation luxuriante. Son nid est toujours fort bien dissimulé au fond d’un couloir creusé dans la végétation dense, dans des endroits fangeux peu accessibles, au cœur des grosses touffes de joncs ou d’herbes très serrées. On peut le trouver au bord des eaux dormantes, en terrain inondé et parfois même installé dans un saule têtard.

Chez nous, cette espèce se reproduit dans le bassin moyen de l’Escaut et le long de ses affluents (prairies humides), le long de la Meuse ou en Campine, à proximité des tourbières basses ou au voisinage d’étangs de pisciculture. La vallée de la Dyle lui semble très favorable. Depuis quelques décennies, la régression de ces habitats humides, très sensibles au drainage, ont annoncé la diminution de la densité de la population nicheuse. Cette perte de biotopes et les longues périodes de sécheresse successives dans le Sahel, où elle hiverne, ont accentué cette régression dans toute son aire de distribution d’Europe occidentale, où l’on ne compte que quelque 6 000 couples. En Belgique, on estime les effectifs à quelque cent couples. Malgré cette situation critique, les chasseurs exigent l’ouverture de la chasse à cette espèce très sensible. La population méridionale s’amenuise à tel point que l’espèce a disparu d’Espagne. La Sarcelle d’été a été observée au Grand Etang de Boitsfort le mercredi 23 avril 2014.

Sarcelle d'hiver John Gould

 

La Sarcelle d’hiver – le plus petit de nos Anatidés – porte bien son nom, car c’est en période hivernale, de septembre à mars, que l’espèce est la mieux représentée chez nous. Cependant, ce benjamin de nos canards niche chez nous avec des effectifs extrêmement faibles, les recensements les plus optimistes évaluant notre population à quelques quatre cents couples nidificateurs. Pour rappel, il y a un net dimorphisme sexuel chez les canards de surface. Ici la photo présente un mâle, la femelle étant plus terne, n’arborant pas une tête si colorée. C’est en Campine, en dépit de modifications radicales du paysage, que la Sarcelle d’hiver trouve une aire de nidification continue. Avant 1940, la Sarcelle d’hiver y nichait encore en nombre dans tous les biotopes naturels et semi-naturels. Depuis lors, malgré que l’espèce se soit adaptée à une mise en culture par trop intense, le nombre de couples nicheurs y a sensiblement régressé. Avec la disparition croissante de biotopes adéquats, le gros de la population campinoise est à présent limité à des réserves naturelles, des terrains militaires (champs de tir), des sablières et des argilières. Il faut donc admettre une diminution inquiétante des effectifs malgré son adaptation à des biotopes de nidification très divers et des milieux plus pauvres, tels que des étangs de pisciculture. Son régime alimentaire est des plus spartiate avec quelques graines de toutes sortes et autres éléments végétaux, où la petite faune aquatique joue aussi un rôle appréciable. Cela permet à la Sarcelle d’hiver d’être assez ubiquiste, comme le Colvert avec lequel on remarque une certaine parenté. Les hivernants rencontrés chez nous seraient d’origine russe pour la plupart, alors qu’une partie des populations de Grande-Bretagne, d’Europe occidentale tempérée et d’Irlande serait partiellement sédentaires. Il est regrettable que ce petit canard très sympathique et nidificateur assez rare en Belgique soit encore considéré comme gibier en Région wallonne, d’autant plus que sa chasse a été interdite en Région flamande dès 1990, grâce aux pressions exercées sur le monde politique.

 

Avril 2014