Du tronc d’un pommier, un gros oiseau vert et jaune s’est dĂ©tachĂ© et gagne d’un vol onduleux un arbre plus Ă©loignĂ© contre lequel il se plaque. Sa tĂȘte couronnĂ©e d’écarlate, au regard fixe, il joue Ă  cache-cache derriĂšre son paravent. A la tache rouge encadrĂ©e de noir de ses moustaches, on reconnait un mĂąle. La femelle est identique mais n’a pas de rouge Ă  la moustache.

D’une taille voisine Ă  celle du Geai des chĂȘnes, le Pic vert est le plus connu de sa famille. La coloration gĂ©nĂ©rale de son plumage est d’un vert foncĂ© sur le dos et d’un vert un peu plus clair sur le dessous du corps. Le croupion est jaune, la calotte rouge et le pourtour de l’Ɠil noir.

On trouve le Pic vert le plus souvent dans les bois de feuillus clairsemĂ©s, les bois de conifĂšres, les parcs agrĂ©mentĂ©s d’élĂ©ments de futaies et de pelouse, les vastes jardins confinant des prairies et les vieux vergers, tous des endroits oĂč il est hĂŽte nicheur.

 Pic-Vert_Jaap Hoogenboom_LRBPO-1998
© Jaap Hoogenboom, Calendrier de l’oiseau, LRBPO, 1998

Souvent, on l’entend avant de le voir car il signale de loin sa prĂ©sence par sa voix retentissante, une rapide succession de notes assez dures, avec quelques variations dues Ă  l’énervement agressif ou Ă  l’inquiĂ©tude. Mais la manifestation la plus sonore est son chant, un vĂ©ritable ‘rire’ claironnant rendu cĂ©lĂšbre par le dessin animĂ© Woody Woodpecker.

Le pic est l’oiseau symbole de la forĂȘt et, pour tous, l’arbre est au pic ce que l’eau est au canard. Pourtant, le Pic vert est nettement plus campagnard que forestier, affectionnant le bocage ou les grands parcs plantĂ©s de vieux arbres, avec possibilitĂ©s de nicher dans une cavitĂ© naturelle, et conditionnĂ© par la prĂ©sence de fourmiliĂšres. Bien qu’il travaille souvent les troncs pour y rechercher insectes et larves xylophages et qu’il passe une bonne partie de sa vie sur les arbres, le Pic vert se nourrit principalement Ă  terre. Il frĂ©quente souvent les prĂ©s Ă  l’herbe courte, visitant mĂȘme les pelouses rases des jardins, oĂč il recherche, davantage que les autres pics, les fourmis et leurs larves. Il s’y dĂ©place alors par petits bonds avec aisance, la tĂȘte levĂ©e, fouillant la terre de son long bec puissant, se servant de sa longue langue gluante, qui peut atteindre cinq fois la longueur de sa tĂȘte, pour pĂ©nĂ©trer plus aisĂ©ment les profondeurs des fourmiliĂšres. Il mange aussi, parfois, limaçons, escargots, vers de terre, graines et fruits. Il visite aussi la couche humide de l’humus recouverte de feuilles mortes, les souches et les pieux vermoulus et va parfois jusqu’à percer les ruches pour parvenir aux abeilles.

TrĂšs territorial, il voit en tout congĂ©nĂšre un indĂ©sirable qu’il faut chasser. Si l’intrus ne rĂ©agit pas Ă  la sĂ©rie de cris Ă©mis par le propriĂ©taire des lieux, il se verra menacer par un Ă©ventuel combat mimĂ© prĂ©alablement.

Son aire de dispersion s’étend sur toute l’Europe continentale, sauf au nord de la Scandinavie. C’est un oiseau nicheur assez commun en Belgique (quelque 5 000 couples) mais plus rares en Hautes Fagnes et dans les rĂ©gions poldĂ©riennes dĂ©pourvues d’arbres.Pic-vert_JohnGould

Si les jeunes se dispersent dĂšs le dĂ©but d’aoĂ»t, les adultes ayant repris leurs distances, vagabondent sur un territoire plus Ă©tendu mais restent sĂ©dentaires. Il est trĂšs sensible aux hivers rigoureux qui peuvent leur ĂȘtre fatal.