âTĂȘte en pointeâ est la signification du nom gĂ©nĂ©rique âacrocephalusâ appliquĂ© aux rousserolles, dont le bec fin prolonge sans heurt la silhouette de la tĂȘte.
Si la Rousserolle verderolle nâattire pas le regard car son plumage est sobre, aux teintes uniformes oĂč seul le manteau vert olivĂątre terreux se remarque, ce sont la musicalitĂ© et la diversitĂ© de son chant qui fascinent lâobservateur, mĂȘme le moins informĂ©.
Dâune richesse et dâune variation admirables, le chant de cette oiseau mĂ©rite une place dâhonneur car il combine Ă merveille les expressions vocales dâune quantitĂ© dâautres espĂšces plus connues. Le pot pourri vif et volubile de cet interprĂšte de classe se compose de cris irritĂ©s de la MĂ©sange bleue ou des cadences lancinantes de la MĂ©sange charbonniĂšre, du babil de la Fauvette grisette, de strophes du Chardonneret, de roulade du Rossignol, dâĂ©panchements lyriques de lâAlouette des champs et de bien dâautres oiseaux qui vivent Ă ses cĂŽtĂ©s.
A cet exercice de vocalise, la Verderolle ajoute ses dons personnels sous formes de sifflements filĂ©s de haute tonalitĂ©, de quelques notes rauques ou nasales rĂ©pĂ©tĂ©es et de sons flutĂ©s qui lui sont propres. Et le spectacle de la Verderolle en pleine excitation musicale, chantant bien en Ă©vidence au sommet dâun buisson, vaut la peine dâĂȘtre vĂ©cu aux jumelles. Câest toute la vie dâun milieu palustre qui renait quand, sous lâeffort, les plumes hĂ©rissĂ©es de la gorge blanche frĂ©missent, tandis que son bec grand ouvert montre lâintĂ©rieur orangĂ© de la bouche.
La Verderolle est lâhĂŽte typique des prĂ©s marĂ©cageux oĂč la Reine-des-prĂ©s sâĂ©tend en formations serrĂ©es avec dâautres plantes palustres. LâespĂšce est largement rĂ©pandue en Belgique, partout oĂč elle rencontre pour y nicher une vĂ©gĂ©tation herbacĂ©e dense, occupant les friches, bords de chemin, terrains de remblais oĂč lâortie domine. A la cĂŽte, elle niche dans les dunes Ă argousier et sureau noir avec Ă©galement une couverture herbacĂ©e dâorties.
Il nâest donc pas Ă©tonnant que cette rousserolle manque en tant quâespĂšce nidificatrice, ou est rare, dans les plaines poldĂ©riennes Ă lâouest, et est Ă©videmment absente des Hautes-Fagnes et des rĂ©gions boisĂ©es de lâest et du sud du pays. Ses effectifs compteraient entre 10 et 15 000 couples. Le dernier Atlas des oiseaux nicheurs de Wallonie (2001-2007, publiĂ© en 2010) prĂ©sente une estimation Ă 7 800 couples, tout en signalant lâinformation comme modĂ©rĂ©ment fiable car lâestimation globale de lâabondance de lâespĂšce est jugĂ©e difficile. Pour la rĂ©gion bruxelloise (atlas 2000-2004 publiĂ© en 2007), les effectifs sont estimĂ©s Ă 62-87 couples, principalement installĂ©s du cĂŽtĂ© ouest, soit Anderlecht, Molenbeek-Saint-Jean et Jette.
Comme les plantes palustres se dĂ©veloppent tardivement, cela explique pourquoi les Verderolles, dont les quartiers dâhiver se situent en Afrique orientale, nâarrivent quâĂ la fin mai, fermant la marche des oiseaux migrateurs.
Lors de notre promenade nature du 1er dimanche de juillet (2/07/2017), nous avons pu observer, écouter et admirer cette espÚce, deux mùles chanteurs dans le vallon du Vuylbeek.