
Pesant Ă peine cinq Ă six grammes, les roitelets sont les plus petits de nos passereaux. Ils sont reconnaissables Ă la teinte gris-olivĂątre de leur manteau. Le Roitelet huppĂ© a la couronne dâun jaune dâor, avivĂ©e dâune touche orangĂ©e chez le mĂąle. Mais le Roitelet triple-bandeau se distingue par le sourcil blanc, le bandeau noir au travers de lâĆil et le cimier orange, le dessus plus verdĂątre et le dessous plus blanchĂątre.
Cependant, ces caractĂšres de dĂ©termination sur le terrain sont tellement minimes que lâobservateur attentif se basera plutĂŽt sur les cris et le chant pour diffĂ©rencier ces deux espĂšces, trĂšs proches lâune de lâautre par le comportement.
Tous deux sont les hĂŽtes des cimes des arbres, principalement des conifĂšres et plus spĂ©cifiquement de lâĂ©picĂ©a, oĂč ils trouvent nourriture et abri tout au long de lâannĂ©e. Ils habitent donc les forĂȘts dâEurope, depuis la NorvĂšge et la SuĂšde jusquâaux PyrĂ©nĂ©es, aux Alpes mĂ©ridionales et Ă la CrimĂ©e dâoĂč ils sâĂ©tendent encore sur lâAsie Mineure et le Caucase.

La rĂ©partition de ces minuscules oiseaux Ă©pouse donc celle des conifĂšres touffus Ă petites aiguilles. De ce fait, ils sont rĂ©pandus sur lâensemble de la Haute-Belgique, mais ailleurs leur aire de reproduction est plus dispersĂ©e. Ils sont relativement prĂ©sents dans une bonne partie de la Campine, des Brabants, ainsi quâen Flandre sablonneuse et le long du versant sambro-mosan de la Hesbaye. Leur nidification est nettement plus ponctuelle et mĂȘme irrĂ©guliĂšre dans le reste du pays. Lâhabitat de ces deux espĂšces est le mĂȘme lĂ oĂč la cohabitation est possible.
Au XIXĂšme siĂšcle, le roitelet nâĂ©tait pas encore connu comme nicheur en Belgique. La population belge actuelle de Roitelet huppĂ© est Ă©valuĂ©e Ă quelque nonante mille couples nicheurs, dont 60% concentrĂ©s en Haute-Belgique oĂč les densitĂ©s sont particuliĂšrement Ă©levĂ©es dans le Condroz, la Famenne et surtout en Ardenne. Pour le Roitelet triple-bandeau, lâestimation est de quelque cinquante-trois mille couples dont 95% en Wallonie. Les Ardennes reprĂ©sentent son biotope prĂ©fĂ©rĂ©.
La nidification a lieu, Ă bonne hauteur, dans les rĂ©sineux, mais la construction dâun petit nid sphĂ©rique peut ĂȘtre dĂ©couverte dans le lierre couvrant le tronc dâun arbre. Comme dâautres espĂšces Ă©troitement liĂ©es aux conifĂšres, les roitelets ont profitĂ© de lâextension de leur plantation. Non seulement cette politique forestiĂšre leur fut favorable pour leur installation et leur progression, mais ils ont pu profiter dâune moindre frĂ©quence dâhivers rigoureux auxquels ils sont trĂšs sensibles.
           Les Roitelets huppĂ©s nichant en Belgique semblent demeurer sĂ©dentaires. Par contre, beaucoup dâoiseaux du nord et de lâest de lâEurope passent ou viennent hiverner chez nous, surtout Ă lâoccasion dâinvasion de cette espĂšce venue de Finlande, de Pologne ou du Danemark.
Par contre, la population nicheuse de Roitelet triple-bandeau migre majoritairement vers lâEurope mĂ©ridionale oĂč elle choisit ses quartiers dâhiver. Quant aux individus qui persistent Ă passer lâhiver dans nos contrĂ©es tempĂ©rĂ©es, le givre leur est souvent fatal en les rĂ©duisant Ă la famine, ainsi que les longues nuits glacĂ©es qui Ă©puisent rapidement les calories du minuscule organisme.
Parade nuptiale : inclinaison de la tĂȘte pour mettre en valeur la coloration des plumes hĂ©rissĂ©es.