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Migration des crapauds drĂšve de la Louve
Ă  Watermael-Boitsfort : Bilan 2013


AprĂšs une pĂ©riode importante de froid tout le mois de fĂ©vrier, la migration a commencĂ© rĂ©ellement le 6 mars jusqu’au 9 mars, avec environ 500 crapauds ; curieusement de nombreuses grenouilles on Ă©tĂ© observĂ©es, beaucoup plus que d’habitude. À ce moment le climat s’est Ă  nouveau intensĂ©ment refroidi, jusqu’au 9 avril, alors que lors de toutes les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, il fut constatĂ© que la migration cesse Ă  cette date. Cette reprise n’a durĂ© qu’une semaine et mĂȘme en Ă©valuant les crapauds continuant leur marche durant les nuits douces, alors que les sauveteurs sont quand mĂȘme couchĂ©s, on n’aurait pas dĂ©passĂ© de beaucoup les 2000 individus. L’annĂ©e passĂ©e dĂ©jĂ , le nombre avait fortement diminuĂ© pour des raisons non expliquĂ©es : environ 3000, alors que les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, leur estimation voisine les 6000. 

Voici un essai d’explication. Le phĂ©nomĂšne de maturation pourrait ĂȘtre liĂ© Ă  trois facteurs, s’additionnant ou s’opposant suivant les circonstances : 

1. tout d’abord, un phĂ©nomĂšne pĂ©riodique annuel Ă  base gĂ©nĂ©tique, 
2. d’autre part une augmentation de tempĂ©rature nette par rapport Ă  une chute tout aussi importante pendant un certain temps. 
3. Mais, le plus dĂ©terminant serait l’augmentation de la durĂ©e du jour, fin dĂ©cembre – dĂ©but janvier. Ce photopĂ©riodisme est bien connu pour la floraison des plantes et semble tout aussi dĂ©terminant sur le comportement de divers animaux (hibernation, migration, sexualitĂ©, mue,
). Je n’ai pas trouvĂ© d’informations prĂ©cises concernant la maturation des Ɠufs des crapauds ou d’autres espĂšces mais c’est plus que probable.

DĂšs lors, je suppose que celle-ci est programmĂ©e dĂšs que la durĂ©e des nuits est nettement supĂ©rieure Ă  celle des jours (dĂ©but ou fin dĂ©cembre). J’ai lu que plus au sud en Europe, la migration des crapauds pour la reproduction a lieu de dĂ©cembre Ă  fĂ©vrier mais sans prĂ©ciser si elle commence au dĂ©but du premier mois ou plus tard. Une fois les Ɠufs formĂ©s, l’élĂ©vation de tempĂ©rature (au moins 6° au crĂ©puscule) induit la migration et ensuite lors de l’entrĂ©e dans un point d’eau, la fertilisation par les mĂąles. Toutefois, les femelles seraient fĂ©condes une annĂ©e sur deux, ce qui explique leur nombre deux fois moindre par rapport aux mĂąles. Les Ɠufs resteraient matures pendant trois mois et aprĂšs dĂ©gĂ©nĂšrent dans le corps ; c’est ce qui ce produit si aucun point d’eau n’est trouvĂ© Ă  temps. Ainsi, il semblerait impossible qu’il y ait ponte au-delĂ  du 15 avril (influence peut-ĂȘtre de la durĂ©e des jours supĂ©rieure Ă  celle des nuits, aprĂšs l’équinoxe). DĂšs lors, en 2013, les crapauds retardataires auraient arrĂȘtĂ© leur migration pour cette raison ; ce qui explique la chute du nombre observĂ©, qui s’est produit aussi dans toutes les zones connues de Wallonie. 

Daniel GEERINCK biologiste,
Coordonnateur de l’opĂ©ration sauvetage des crapauds
pour la Commission Ornithologique de Watermael-Boitsfort